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Unis avec le produit de la nouvelle récolte de coton et de l’acquitter peu à peu par ce moyen ; de l’autre elles espéraient, par l’interruption des crédits, amoindrir l’importation des objets manufacturés d’Angleterre et la mettre, pour l’avenir, en équilibre avec l’exportation.

Il est fort douteux que l’exportation du coton en laine puisse fournir le moyen de balancer l’importation des objets fabriqués. Depuis plus de vingt ans, en effet, la production de cet article en surpasse constamment la consommation, de sorte que le prix a toujours été en baissant. Joignez à cela que la fabrication du coton a trouvé une puissante concurrence dans celle du lin, si perfectionnée aujourd’hui à l’aide des machines, et que la production de cette matière en a trouvé une dans les plantations du Texas, de l’Égypte, du Brésil et des Indes orientales. Quoi qu’il en soit, on doit considérer que l’exportation de coton ne profite nullement aux États de l’Union américaine qui consomment le plus d’objets manufacturés anglais.

Dans ces États, particulièrement dans ceux à qui la culture du blé et l’élève du bétail offrent les moyens d’acheter des produits fabriqués, une crise d’une autre espèce s’annonce en ce moment. Les fabriques américaines ont succombé sous l’importation d’objets manufacturés anglais. Tout le surcroît de population et de capital a reflué ainsi forcément vers l’Ouest. Chaque nouvel établissement augmente au commencement la demande des produits agricoles, mais au bout de quelques années il fournit lui-même un excédant considérable. Tel est déjà le cas dans ces nouveaux établissements. Aussi, dans les années prochaines, les États de l’Ouest expédieront-ils, par les canaux et par les chemins de fer nouvellement construits, d’énormes quantités de denrées à destination des États de l’Est, de ces États où, les fabriques ayant été écrasées par la concurrence étrangère, le nombre des consommateurs a diminué et doit diminuer de plus en plus. Il s’ensuivra nécessairement une dépréciation des produits agricoles et des fonds de terre, et, si l’Union ne se hâte de prendre des me-