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répétées, plus la condition économique du pays, et en particulier le crédit, sont affectés. Nulle part ces effets désastreux d’un afflux ou d’un écoulement extraordinaire des métaux précieux ne se révèlent avec plus d’éclat que dans les pays, qui, pour leur approvisionnement en objets manufacturés et pour le débouché de leurs produits agricoles, dépendent entièrement de l’étranger, et dont le commerce est, en grande partie, fondé sur une circulation en papier.

On sait que la quantité de billets de banque qu’un pays peut mettre et conserver en circulation se règle sur celle des espèces qu’il possède. Chaque banque étend ou restreint sa circulation en papier et ses opérations dans la mesure des sommes de métaux précieux qui se trouvent dans ses caves. Si elle est abondamment pourvue en numéraire, soit de son capital, soit des dépôts qu’elle reçoit, elle accordera des crédits plus considérables, et permettra ainsi à ses débiteurs d’en faire eux-mêmes de plus larges ; de là un accroissement de la consommation et une hausse des prix, particulièrement de la valeur de la propriété foncière. Si, au contraire, elle se dégarnit de métaux précieux dans une proportion sensible, elle limitera ses crédits et déterminera ainsi un resserrement et des crédits et des consommations chez ses propres débiteurs et chez les débiteurs de ceux-ci, et, ainsi de suite, jusqu’à ceux qui ont coutume de consommer à crédit les objets manufacturés qui s’importent. Dans de pareils pays, par conséquent, un écoulement extraordinaire des espèces a pour effet de jeter la perturbation dans tout le système du crédit, dans le commerce de toutes les marchandises et de toutes les denrées, et surtout dans le prix en argent de toutes les propriétés foncières.

On a voulu trouver la cause de la dernière crise commerciale américaine de même que des précédentes, dans l’organisation des banques et de la circulation du papier ! La vérité est que les banques y ont contribué ainsi qu’on vient de l’indiquer, mais le principe de la crise réside dans ce fait que, depuis l’adoption de l’acte de compromis, la valeur des