Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/403

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les importations et les exportations des nations indépendantes ne sont point réglées actuellement par ce que la théorie appelle la nature des choses ; elles dépendent en majeure partie de la politique commerciale et de la puissance du pays, de son importance dans le monde, de son influence sur des peuples étrangers, de ses possessions coloniales et de ses institutions de crédit, enfin de la paix et de la guerre. Ici, par conséquent, existent de tout autres rapports qu’entre des sociétés que des liens politiques, légaux et administratifs réunissent dans un état de paix perpétuelle et de parfaite unité des intérêts.

Considérons, par exemple, les relations entre l’Angleterre et l’Amérique du Nord. Si, de temps en temps, l’Angleterre verse des masses considérables d’objets manufacturés sur le marché nord-américain ; si la Banque d’Angleterre, par le taux élevé ou bas de ses escomptes, facilite ou restreint à un degré extraordinaire les envois pour l’Amérique du Nord et le crédit à cette contrée ; si le marché américain se trouve inondé ainsi d’objets manufacturés à ce point que les marchandises anglaises se vendent aux États-Unis à meilleur marché qu’en Angleterre, et quelquefois même au-dessous des frais de production ; si l’Amérique du Nord est de la sorte perpétuellement endettée vis-à-vis de l’Angleterre et a le change contre elle, il est certain que ce fâcheux état des relations s’améliorerait aisément de lui-même sous le régime d’une liberté de commerce illimitée. L’Amérique du Nord produit du tabac, du bois de construction, du blé et des denrées alimentaires de toute espèce à un prix incomparablement plus bas que l’Angleterre. Plus il s’expédie d’objets manufacturés d’Angleterre aux États-Unis, plus le planteur américain est stimulé à produire de semblables valeurs ; plus on lui accorde le crédit, plus il est disposé à acquérir les moyens de satisfaire à ses engagements ; plus le cours du change en Angleterre est défavorable à l’Amérique du Nord, plus l’exportation des produits agricoles de cette contrée est encouragée, plus les agriculteurs américains luttent avec