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objets manufacturés qui s’importent surpasse souvent dans une proportion énorme celle des produits agricoles exportés, et qu’il en résulte parfois tout-à-coup un écoulement extraordinaire des métaux précieux, qui porte le trouble dans l’économie de la nation, surtout si les transactions intérieures de celle-ci reposent en majeure partie sur une circulation de papier, et qui occasionne chez elle de grandes catastrophes.

La théorie soutient qu’on se procure les métaux précieux comme toute autre marchandise ; qu’il importe peu au fond que la quantité des métaux qui se trouvent dans la circulation soit grande ou petite, puisque c’est le rapport des prix entre eux qui détermine la cherté ou le bon marché d’une marchandise ; qu’une différence dans le cours du change opère comme une prime d’exportation au profit des marchandises du pays qui l’a momentanément contre lui ; que, par conséquent, la circulation monétaire et l’équilibre entre les importations et les exportations, de même que tous les autres rapports économiques du pays, ne sauraient être plus sûrement et plus avantageusement réglés que par la nature des choses.

Ce raisonnement est d’une parfaite justesse à l’égard du commerce intérieur ; il est applicable aux relations entre deux villes, entre la ville et la campagne, entre deux provinces du même État et entre deux États qui font partie d’une même confédération. L’économiste qui croirait que l’équilibre des importations et des exportations entre les différents États de la Confédération américaine ou ceux de l’Association allemande, ou entre l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande, peut être mieux réglé par des mesures de l’autorité et par des lois, qu’elle ne l’est par la liberté du commerce, serait digne de pitié. Dans l’hypothèse d’une pareille union entre toutes les nations du globe, le raisonnement de la théorie serait entièrement conforme à la nature des choses. Mais c’est contredire ouvertement l’expérience que d’admettre que, dans l’état actuel du monde, il en soit de même du commerce international.