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y jouissait de la confiance d’un homme d’État distingué, le ministre Wangenheim. Wangenheim, chef d’un cabinet libéral, que soutenaient alors les sympathies du roi, avait trouvé dans ce talent généreux un utile auxiliaire.

Né dans une ville libre, List y avait puisé un vif attachement pour les libertés municipales ; la centralisation administrative qui existait en France sous l’empire et qui régnait aussi dans le Wurtemberg, lui était odieuse. Contre la bureaucratie wurtembergeoise en particulier, il avait des motifs personnels de ressentiment ; de misérables tracasseries, de scandaleuses exigences avaient abrégé les jours de sa mère et avaient été cause de la mort prématurée et déchirante de son frère aîné. Lui-même avait vu de près les abus de l’administration ; aussi prêtait-il le concours le plus zélé aux réformes de Wangenheim.

Dans la pensée de préparer au pays des serviteurs plus éclairés, ce ministre créa à Tubingen, en 1817, une faculté des sciences politiques ; il y offrit une chaire à son jeune collaborateur ; après quelque résistance, celui-ci se laissa décider par l’utilité du but à accepter une fonction, pour laquelle, disait-il lui-même, il était loin d’être mûr, et qui peut-être convenait mal à sa nature ardente. Pendant le peu de temps qu’il occupa cette chaire, suivant le vœu de son patron, il y fit la guerre aux préjugés et la propagande en faveur des principes du gouvernement constitutionnel.

En même temps, dans un journal fondé en 1818 à Heibronn avec quelques-uns de ses amis, l’Ami du peuple de Souabe, il créait un nouvel instrument pour la régénération de son pays, et il y réclamait une bonne représentation nationale, l’administration soumise à un contrôle, l’indépendance des communes, la liberté de la presse et le jury.

Cependant le ministère de la réforme avait cédé la place aux hommes de l’ancien régime ; et List avait perdu son appui officiel. Son journal ayant été trouvé incommode, on le supprima. Le libéralisme de son cours ne parut pas moins gênant, il donna lieu à des avertissements de l’autorité. À