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merce, si le nouvel état du Texas s’affermit, si la civilisation fait des progrès en Syrie et en Égypte, au Mexique et dans les États de l’Amérique du Sud, les planteurs de coton de l’Amérique du Nord comprendront aussi que le marché intérieur procure la demande la plus sûre, la plus constante et la plus durable.

Dans la zone tempérée, le commerce extérieur dérive en majeure partie des manufactures nationales, et il ne peut être conservé ni accru qu’au moyen de l’industrie manufacturière.

Une nation qui produit aux prix les plus bas toute espèce d’articles fabriqués, peut seule nouer des relations commerciales avec les peuples de toutes les zones et de tous les degrés de civilisation ; seule elle peut pourvoir à tous leurs besoins ou en créer chez eux de nouveaux, prenant en retour des matières brutes et des denrées de toute sorte. Une telle nation peut seule charger à bord de ses bâtiments la variété d’objets que réclame une contrée lointaine et dépourvue de manufactures. Ce n’est que lorsque les frets d’aller couvrent déjà les dépenses du voyage qu’on peut composer la cargaison de retour d’articles de moindre valeur.

Les importations des peuples de la zone tempérée consistent principalement en produits de la zone torride, tels que sucre, café, coton, tabac, thé, matières tinctoriales, cacao, épices, en articles désignés sous le nom de denrées coloniales. La grande masse de ces denrées est payée avec des objets manufacturés. Ce sont ces échanges qui expliquent surtout les progrès de l’industrie dans les pays manufacturiers de la zone tempérée et ceux de la civilisation et du travail dans les contrées de la zone torride. Ils constituent la division du travail et l’association des forces productives sur l’échelle la plus vaste ; il n’exista dans l’antiquité rien de pareil à cet état de choses qui est l’ouvrage des Hollandais et des Anglais.

Avant la découverte de la route du Cap, l’Orient surpassait de beaucoup l’Europe dans les manufactures. Excepté des métaux précieux, de faibles quantités de draps, de toiles, d’armes, de quincaillerie et quelques objets de luxe, les mar-