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considérable que les transactions intérieures de la nation purement agricole, cinq ou dix fois plus que son commerce extérieur le plus florissant. Que l’on compare le commerce intérieur de l’Angleterre avec celui de la Pologne et de l’Espagne, et l’on y trouvera la confirmation de cette remarque.

Le commerce extérieur des nations agricoles de la zone tempérée, tant qu’il se borne aux denrées alimentaires et aux matières brutes, ne peut être considérable :

Premièrement, parce que la nation agricole ne trouve de débouché que dans un petit nombre de nations manufacturières qui pratiquent elles-mêmes l’agriculture, et qui, grâce à leurs fabriques et l’étendue de leur commerce, la pratiquent avec beaucoup plus d’habileté : un tel débouché n’est donc jamais ni certain ni constant. Le commerce de produits ruraux est toujours une affaire de spéculation, dont les profits reviennent en majeure partie aux négociants spéculateurs, mais qui ne tourne point à l’avantage des agriculteurs et de la force productive du pays ;

En second lieu, parce que l’échange des produits agricoles contre les articles fabriqués de l’étranger est fréquemment interrompu par des mesures restrictives et par des guerres ;

Troisièmement, parce que ce commerce n’intéresse que le littoral de la mer et des fleuves, mais non l’intérieur, c’est-à-dire la plus grande partie du territoire national ;

Quatrièmement, enfin, parce que la nation manufacturière peut trouver son intérêt à tirer des denrées alimentaires et des matières brutes d’autres contrées étrangères ou de colonies nouvellement fondées. C’est ainsi que l’écoulement des laines allemandes en Angleterre est restreint par les provenances de l’Australie, le débouché des vins de France et de l’Allemagne dans le même pays par celles de l’Espagne, du Portugal et de la Sicile ainsi que de Madère, des Açores et du Cap, et le débit des bois de la Prusse par les importations du Canada. Déjà même on s’est mis en campagne pour approvisionner l’Angleterre en majeure partie de coton des Indes orientales. Si les Anglais réussissent à rouvrir l’ancienne route du com-