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CHAPITRE XI.

l'industrie manufacturière et le commerce.


Nous n’avons parlé jusqu’ici que des rapports entre l’agriculture et l’industrie manufacturière, parce que ce sont elles qui constituent les éléments essentiels de la production nationale, et que, si l’on n’a pas au préalable une idée claire de ces rapports, on ne saurait comprendre exactement la fonction et le rôle particuliers du commerce ; sans doute le commerce aussi est productif, comme le soutient l’école, mais il l’est tout autrement que l’agriculture et que l’industrie manufacturière. Celles-ci fournissent des marchandises, tandis que le commerce n’est que l’intermédiaire de l’échange des marchandises entre les agriculteurs et les manufacturiers, entre les producteurs et les consommateurs[1]. Il suit de là que le commerce doit être réglé suivant les intérêts et les besoins de l’agriculture et de l’industrie manufacturière, et non l’agriculture et l’industrie manufacturière suivant les intérêts et les besoins du commerce.


    de la richesse générale, que c’est Frédéric List qui, le premier, a élevé une maxime reconnue sans doute, mais imparfaitement comprise, à la hauteur d’un principe économique. (H. R.)

  1. On a prétendu, dans ces derniers temps, que le commerce n’est pas productif, que l’agriculture et l’industrie manufacturière seules le sont ; d’où l’on a conclu le monopole du commerce entre les mains de l’État. Cette hérésie était permise à ceux qui, dans le siècle dernier, confondaient le commerce avec l’échange, et qui, de plus, attribuaient au mot production un sens qu’il ne peut avoir ; elle ne l’est plus depuis que le commerce et la production ont été exactement définis. Il est évident que l’industrie qui transporte les marchandises, qui les met à la portée des consommateurs, qui les distribue, ajoute à la valeur de ces marchandises, et qu’elle est par conséquent productive. En soutenant que le commerce est productif à sa manière, en ce sens qu’il est l’intermédiaire des échanges entre les agriculteurs et les manufacturiers, List, on doit le remarquer, ne prête nullement son autorité à une pareille erreur. (H. R.)