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monarchie absolue, avec une capitale qui surpassait en éclat et en intelligence toutes les villes du continent européen, l’agriculture n’a accompli que de faibles progrès, et pourquoi la culture intellectuelle et les industries d’utilité générale ont fait défaut aux provinces. Mais, à mesure que la noblesse terrienne acquiert de l’indépendance vis-à-vis de la cour et de l’influence sur la législation et sur l’administration, que le système représentatif et l’organisation administrative étendent pour les villes et pour les provinces le droit de gérer leurs affaires et de participer à la législation et à l’administration du pays, qu’on peut par conséquent obtenir plus de considération et d’influence dans la province et par la province, la noblesse terrienne et la bourgeoisie instruite et aisée restent plus volontiers dans les localités d’où elles tirent leurs revenus, et la consommation de la rente influe davantage sur le développement des forces intellectuelles et des institutions sociales, sur les progrès de l’agriculture et sur l’essor au sein des provinces des industries utiles au plus grand nombre.

La situation économique de l’Angleterre peut être invoquée à l’appui de cette remarque. Le séjour du propriétaire anglais sur ses biens durant la plus grande partie de l’année, contribue de plus d’une manière à la prospérité de l’agriculture ; directement, en ce que le propriétaire consacre une portion de son revenu, soit à entreprendre lui-même des améliorations agricoles, soit à venir en aide à celles de ses fermiers ; indirectement, en ce que ses consommations entretiennent les manufactures et les travaux intellectuels du voisinage. Telle est encore en partie la cause pour laquelle en Allemagne et en Suisse, où manquent cependant les grandes villes, les moyens de communication sur une vaste échelle et les institutions nationales, l’agriculture et la civilisation en général sont beaucoup plus avancées qu’en France.

La plus grande erreur, toutefois, qu’Adam Smith et son école aient commise en cette matière, est celle que nous avons déjà mentionnée, mais que nous allons ici faire mieux ressortir ; c’est de n’avoir pas nettement compris, de n’avoir retracé