Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/377

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la valeur ou de celui des forces productives ; on peut aussi n’y tenir compte que des intérêts privés, par exemple des rapports entre les propriétaires fonciers, les fermiers et les ouvriers, ou s’y préoccuper principalement des intérêts publics et nationaux. L’école n’a généralement abordé cette théorie que du point de l’économie privée. A notre connaissance, par exemple, elle n’a jamais exposé comment la consommation de la rente est d’autant plus avantageuse qu’elle a lieu plus près du lieu de production, comment néanmoins, dans différents États, la rente est généralement consommée là où réside le souverain, dans la capitale s’il s’agit d’une monarchie absolue, c’est-à-dire loin des provinces où elle est produite, et par conséquent, de la manière la moins avantageuse pour l’agriculture, pour les arts utiles et pour le développement des forces intellectuelles du pays. Là où la noblesse terrienne ne possède ni droits d’aucune espèce, ni influence politique à moins de vivre à la cour et d’exercer un emploi, et où toute la force publique est concentrée dans la capitale, les propriétaires fonciers sont attirés vers ce point central, ne pouvant guère trouver ailleurs le moyen de satisfaire leur ambition et l’occasion de consommer agréablement leurs revenus. Plus la majeure partie d’entre eux s’accoutume à vivre dans la capitale, moins la vie de la province offre à chacun en particulier de relations de société et de jouissances délicates pour les sens et pour l’esprit ; plus la province les repousse, plus la capitale les attire. La province perd ainsi presque tous les moyens de progrès que lui aurait procurés la consommation de la rente ; en particulier ces fabriques et ces travaux intellectuels que la rente aurait entretenus, la capitale les lui enlève. Celle-ci brille sans doute d’un vif éclat, parce qu’elle réunit tous les talents et la plus grande partie des industries de luxe. Mais les provinces sont privées de ces forces intellectuelles, de ces moyens matériels et en particulier de ces industries qui permettent au cultivateur les améliorations agricoles et qui l’y encouragent. Voilà ce qui explique en grande partie pourquoi en France, principalement sous la