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Il en est des manufactures comme des voies de communication perfectionnées ; non-seulement ces voies fournissent une rente et permettent ainsi d’amortir le capital employé, mais encore elles contribuent puissamment à la prospérité de l’industrie manufacturière et de l’agriculture, au point de décupler avec le temps la valeur des propriétés foncières situées dans leur voisinage. Vis-à-vis de l’entrepreneur de ces ouvrages, l’agriculteur a ce grand avantage que le décuplement de son capital lui est dans tous les cas assuré, et qu’il réalise ce profit sans aucun sacrifice ; tandis que l’entrepreneur expose son capital tout entier. La situation de l’agriculteur vis-à-vis des entrepreneurs de nouvelles fabriques est tout aussi favorable.

Mais, si l’action des manufactures sur la production agricole, sur la rente et sur la valeur de la propriété foncière est si remarquable, si elle est si avantageuse pour tous ceux qui sont intéressés dans l’agriculture, comment peut-on soutenir que les droits protecteurs favorisent les manufactures aux dépens des agriculteurs ?

Le bien-être matériel de l’agriculteur comme de tous les particuliers dépend avant tout de l’excédant de la valeur de sa production sur celle de ses consommations. Il s’agit donc pour lui beaucoup moins du bas prix des produits fabriqués que de l’existence d’une forte demande de produits ruraux de toute espèce, et de la haute valeur échangeable de ces produits. Si donc les droits protecteurs ont pour résultat de faire gagner à l’agriculteur par l’extension de son marché plus qu’il ne perd par la hausse de prix des articles fabriqués, il ne supporte point de sacrifices au profit du manufacturier. Or, ce résultat ne manque jamais de se produire chez toutes les nations qui ont une vocation manufacturière, et il se révèle chez elles avec éclat dans la première période qui suit l’établissement des manufactures ; parce que, à ce moment, la plupart des capitaux mis dans la nouvelle industrie sont consacrés à la construction de maisons d’habitation, de fabriques, d’ouvrages hydrauliques, etc. emplois généralement