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part de la protection comme de la liberté, en tenant compte des exigences des temps, pour celle, en un mot, que List a exposée dans son Système national.

Si, pour être exacte et complète, la science est obligée de reconnaître les barrières de la nationalité, elle-même ne s’arrête pas devant elles ; elle est essentiellement cosmopolite. Un des plus célèbres compatriotes de List, le grand poète dont l’Allemagne célébrait, il y a deux ans, le centième anniversaire et dont l’imposante mémoire lui offrait comme un symbole de cette unité qu’elle poursuit vainement, Goethe a dit quelque part : « Il n’y a point d’art national ni de science nationale. L’art et la science appartiennent au monde entier comme toutes les grandes choses, et ils ne peuvent avancer que par une libre action réciproque de tous les contemporains les uns sur les autres, accompagnée d’une étude constante des monuments du passé. » Le Système national n’est donc point une œuvre purement allemande. Si un ardent patriotisme a conduit la plume de son auteur, si la situation particulière de l’Allemagne y a dicté beaucoup de pages, les notions qu’il contient sur une grande contrée dont la fortune est si intimement liée à la nôtre et qui ressent le contre-coup de toutes nos révolutions, ne font qu’augmenter pour nous son intérêt. Mais le Système national n’est pas borné dans son application à l’espace qui s’étend du Rhin à la Vistule. Nous y reconnaissons aisément, sous une forme plus scientifique, il est vrai, des idées qui, depuis longtemps, ont cours parmi nous. Quoi qu’il en soit, on peut importer des vérités utiles d’outre Rhin, aussi bien que d’outre Manche, et aucun esprit élevé, à quelque école qu’il appartienne, ne dédaignera une doctrine dont la publication a été chez nos voisins un événement.

La question qui fait l’objet du Système national et qui agite aujourd’hui l’Allemagne plus vivement que jamais, n’est pas, à l’heure qu’il est, en possession d’émouvoir parmi nous les esprits ; mais il est évident qu’elle n’est qu’ajournée, et qu’elle s’emparera de l’attention publique dès que d’autres questions plus graves auront été résolues. Publié dans le moment ac-