ral, elle résulte de l’action réciproque des capitaux intellectuels et matériels du pays, des capitaux de l’agriculture, de ceux des manufactures et de ceux du commerce les uns sur les autres.
au moyen d’une analyse ingénieuse, la proposition d’Adam Smith que
l’épargne, et non le travail, est la cause directe de l’accroissement des capitaux.
« L’épargne, dit M. Gerster, suppose des produits déjà créés, elle ne les
crée pas, mais les conserve simplement. On ne doit donc considérer comme
cause directe de la création et de l’accroissement des capitaux que le travail
et l’activité de l’homme. Le travail est le principe positif et créateur ; l’épargne,
le principe négatif et conservateur. Elle n’est par conséquent que la
cause indirecte.
« Son caractère est indéterminé. Elle sert à la consommation tout comme
à la production, puisque les produits qu’elle accumule peuvent être employés
comme objets de consommation aussi bien que comme moyens de production.
« Il y a des produits qui peuvent être regardés comme des capitaux, et à
l’existence desquels l’épargne n’a pas eu la moindre part.
« Chez les tribus grossières de chasseurs et de pasteurs (et ici M. Gerster
se réfère au Système national de List) l’épargne ne saurait exister ; elle les
conduirait au dénûment plutôt qu’à l’abondance. Ce qui ne se corromprait
pas naturellement deviendrait la proie de voisins pillards. Et cependant ces
tribus possèdent des capitaux, ne fût-ce qu’une pierre, un bâton ou une hache
pour tuer le gibier dont elles se nourrissent. Ces objets constituent pour
elles des moyens de production ; l’existence et l’accroissement de ces capitaux
ne supposent rien de plus qu’un faible travail d’appropriation.
« A tous les degrés de civilisation, il y a nombre de produits que leur
nature propre destine à la production, par exemple les instruments et les
machines. L’épargne n’a pas besoin de les conserver pour qu’ils deviennent
du capital.
« On pourra objecter que ces produits n’auraient pas existé, si l’épargne
n’avait préalablement rassemblé les matériaux et les ressources nécessaires à
cet effet. Cela est exact, on le reconnaît, dans beaucoup de cas ; mais il s’agit
de la cause directe, immédiate de l’existence des produits, et le travail nous
apparaît seul avec ce caractère.
« Mais les matériaux nécessaires, au lieu de consister en économies accumulées,
peuvent être, et sont fréquemment, le résultat d’une heureuse découverte.
Quel est le rôle de l’épargne, lorsque la sagacité de l’homme, en
découvrant de nouvelles utilités dans des objets jusque-là sans valeur, accroît
la masse des capitaux du pays ?
« Enfin, l’épargne est sans influence sur la création de la plupart des
capitaux immatériels. Sert-elle à former une clientèle, à acquérir des débouchés ?
Non, ces avantages sont dus souvent à des circonstances favorables,
ce sont des présents de la fortune dans la véritable acception du mot. » (H. R.)