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masse de ses capitaux matériels consiste principalement dans la faculté de transformer les forces inemployées de la nature en un capital matériel, en instruments doués de valeur et productifs de revenus, et que, chez la nation purement agricole, une quantité considérable de forces naturelles, qui ne peuvent être vivifiées que par les manufactures, demeurent oisives ou mortes. Il ne se préoccupe pas de l’influence des manufactures sur le commerce extérieur et intérieur, sur la civilisation, sur la puissance de la nation, et sur le maintien de son indépendance, ni des facilités qui en résultent pour l’acquisition de la richesse matérielle.

Il ne tient pas compte, par exemple, de la masse de capitaux que les Anglais ont acquise par leurs colonisations ; Martin en évalue le total à plus de deux milliards et demi de liv. st. (62 milliards 1/2 de francs.)

Lui, qui montre ailleurs avec tant de clarté que les capitaux employés dans le commerce intermédiaire ne doivent pas être considérés comme la propriété d’une nation en particulier, tant qu’ils n’ont pas été, pour ainsi dire, incorporés dans son sol, ne prend pas garde que l’incorporation de ces capitaux ne peut mieux se réaliser que par la protection des manufactures indigènes.

Il ne réfléchit pas que l’appât de cette protection attire dans le pays une quantité considérable de capitaux étrangers, intellectuels aussi bien que matériels.

Il soutient à tort que ces manufactures auraient surgi d’elles-mêmes dans le cours naturel des choses, lorsqu’on voit dans chaque nation la puissance politique intervenir pour donner à ce cours naturel une direction artificielle dans son intérêt particulier.

Cet argument, qui repose sur une équivoque et qui, par conséquent, est essentiellement vicieux, il l’a expliqué par un exemple tout aussi vicieux, quand, par la folie qu’il y aurait à vouloir produire artificiellement du vin en Écosse, il essaie de prouver qu’il serait insensé de créer artificiellement des manufactures.