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ment, ne sont pas des plus avantageux pour les régions où on les a artificiellement fait surgir. Voilà ce qui arrivera, si l’on envisage l’une vis-à-vis de l’autre la France et l’Allemagne comme deux contrées purement agricoles, et si l’on suppose que l’Allemagne n’usera pas de représailles. Mais une telle politique paraîtra plus préjudiciable encore, si l’on considère que l’Allemagne, sous la loi impérieuse de son intérêt, aura recours, elle aussi, à des mesures restrictives, et que la France est un pays manufacturier en même temps qu’agriculteur. L’Allemagne frappera de droits élevés non-seulement les vins, mais tous ceux des produits agricoles de la France qu’elle peut produire elle-même ou dont elle peut se passer plus ou moins ou enfin qu’elle peut faire venir d’ailleurs ; de plus elle restreindra sévèrement l’importation des articles manufacturés que, actuellement, elle ne peut pas produire elle-même avec avantage, mais qu’elle peut tirer d’autre part que de la France. Ainsi le dommage que la France s’est attiré par de pareilles restrictions est deux ou trois fois plus considérable que l’avantage qu’elles lui ont procuré. Évidemment la culture de la vigne, celle de l’olivier et l’industrie manufacturière ne peuvent employer en France que le nombre d’individus que les denrées alimentaires et les matières brutes produites par la France elle-même ou tirées par elle de l’étranger peuvent nourrir et occuper. Or, nous avons vu que les restrictions à l’importation n’accroissent pas la production agricole, mais ne font que la transporter d’une partie du pays à l’autre. Si l’on avait laissé au commerce des produits rivaux une libre carrière, l’importation de ces produits, et par suite l’exportation du vin, de l’huile et des objets manufacturés se seraient constamment accrues, et en même temps la population occupée à la culture de la vigne, à celle de l’olivier et aux manufactures, puisque d’un côté les denrées alimentaires et les matières brutes leur seraient arrivées en quantités toujours croissantes, et que, de l’autre, la demande de leurs propres produits aurait augmenté. L’accroissement de cette population aurait déterminé une demande plus considérable de denrées alimentaires et de