Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la première. Quelque intérêt qu’on ait à se servir d’engrais minéraux, tels que le plâtre, la chaux ou la marne, ou à brûler de la tourbe, du charbon de terre, etc. au lieu de bois, et à défricher les forêts, on manque de moyen de communication pour transporter utilement ces matières au delà d’un étroit rayon. Quelque riche produit que les prairies pussent rapporter dans les vallées si l’irrigation y était pratiquée sur une grande échelle, les cours d’eau ne servent qu’à détacher et à entraîner un sol fertile.

Lorsque l’industrie manufacturière vient à naître dans un pays agricole, on établit des routes, on construit des chemins de fer, on creuse des canaux, on rend les fleuves navigables, on organise des lignes de bateaux à vapeur. Par là non-seulement les produits dont les agriculteurs peuvent se passer deviennent des machines à donner des rentes, non-seulement le travail qu’ils emploient est mis en activité, et la population rurale peut tirer des richesses naturelles par elle appropriées un revenu beaucoup plus considérable qu’auparavant, mais encore tous les minéraux, tous les métaux restés enfouis dans la terre trouvent de l’emploi et de la valeur. Des matières qui précédemment n’étaient transportables qu’à une distance de quelques milles, comme le sel, le charbon de terre, le marbre, les ardoises, le plâtre, la chaux, le bois, les écorces, etc. peuvent alors se distribuer sur toute la surface d’un empire. Des objets jusque-là dépourvus de valeur prennent ainsi, dans le tableau de la production du pays, une importance qui surpasse de beaucoup celle de tout le revenu antérieur de l’agriculture. Alors il n’y a pas un pouce cube de chute d’eau qui n’ait un service à rendre, et, jusque dans les parties les plus reculées du pays, le bois et divers combustibles, dont on n’avait su jusque-là faire aucun usage, acquièrent du prix.

Les manufactures créent une demande pour une multitude de denrées ainsi que de matières brutes, auxquelles certains terrains peuvent être consacrés avec plus d’avantage qu’à la production du blé, d’ordinaire le principal article des pays purement agricoles. La demande de lait, de beurre et de viande