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partout la culture des champs. Le servage, les droits féodaux, les lois et les institutions qui entravent le travail et la liberté disparaissent. Le propriétaire foncier retire alors un revenu cent fois plus fort de son bois que de sa chasse. Ceux qui, dans le triste produit de la corvée, trouvaient à peine le moyen de mener une vie grossière à la campagne, dont l’unique plaisir consistait à entretenir des chevaux et des chiens et à chasser le gibier, qui, en conséquence, voulaient que tout ce qui les troublait dans cette jouissance fût puni comme un attentat contre leur majesté seigneuriale, sont par l’augmentation de leurs rentes, par le produit du travail libre, en état de passer une partie de l’année dans les villes. Là le spectacle et la musique, le culte des arts et la lecture adoucissent les mœurs. Là, dans la société des artistes et des hommes instruits, ils apprennent à estimer l’esprit et le talent. De Nemrods qu’ils étaient, ils deviennent des hommes civilisés. L’aspect d’une communauté laborieuse, dans laquelle chacun travaille à améliorer sa condition, éveille aussi chez eux l’esprit d’amélioration. Au lieu de courir les cerfs et les lièvres, ils poursuivent l’instruction et les idées. De retour à la campagne, ils offrent aux moyens et aux petits fermiers des exemples utiles à suivre, et ils obtiennent leur estime au lieu de leurs malédictions.

A mesure que fleurissent l’industrie manufacturière et l’agriculture, l’esprit humain est moins enchaîné, la tolérance gagne du terrain, et la vraie morale, le véritable sentiment religieux remplace la contrainte des consciences. Partout l’industrie a plaidé la cause de la tolérance, partout elle a changé le prêtre en instituteur du peuple et en lettré. Partout la langue et la littérature, les beaux-arts et les institutions civiles ont marché du même pas que les manufactures et que le commerce.

Ce sont les manufactures qui rendent la nation capable de faire le commerce avec d’autres nations moins cultivées, d’augmenter sa navigation marchande, de devenir une puissance maritime et d’employer le trop-plein de sa popula-