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produire un excédant d’articles particuliers à leur climat, de l’autre sur l’activité de la demande que leur font les pays de la zone tempérée.

Si l’on établit qu’avec le temps les pays de la zone torride pourront produire de cinq à dix fois plus de sucre, de riz, de café, de coton, etc. qu’ils n’en ont produit jusqu’à présent, on aura prouvé en même temps que les pays de la zone tempérée pourront quintupler ou décupler le montant actuel de leurs envois d’objets manufacturés dans les pays de la zone torride.

La possibilité pour les nations du continent d’augmenter dans cette proportion leur consommation de denrées coloniales est démontrée par l’accroissement de la consommation de l’Angleterre pendant les cinquante dernières années ; encore ne doit-on pas perdre de vue que cet accroissement aurait été, selon toute apparence, infiniment plus considérable sans l’énormité des droits.

Quant à la possibilité d’augmenter la production de la zone torride, la Hollande à Sumatra et à Java, et l’Angleterre dans les Indes orientales, nous en ont fourni dans cinq années écoulées d’irrécusables preuves. De 1835 à 1839 l’Angleterre a quadruplé son importation en sucre des Indes orientales ; son importation en café s’est accrue dans une proportion beaucoup plus forte ; et les apports de coton de la même contrée ont aussi notablement augmenté. Les journaux anglais de la date la plus récente (février 1840) annoncent avec allégresse que la puissance productive des Indes orientales pour ces articles est sans bornes, et que le temps n’est pas éloigné où l’Angleterre se sera rendue indépendante à leur égard de l’Amérique et des Indes occidentales. La Hollande, de son côté, est embarrassée de l’écoulement de ses produits coloniaux, et elle leur cherche sans relâche de nouveaux marchés. Qu’on réfléchisse en outre que l’Amérique du Nord continue d’accroître sa production cotonnière, qu’un État se constitue dans le Texas, qui conquerra indubitablement tout le Mexique[1] et fera de cette contrée fertile

  1. Ce sont, on le sait, les États-Unis, qui, après s’être incorporé le Texas, ont conquis une portion du Mexique, notamment cette Californie où l’exploi-