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matières brutes et des denrées alimentaires ainsi que par la puissance des machines ; mais elle ne trouvera pas de contradiction, si elle soutient que les États-Unis, tant que le salaire y sera infiniment plus élevé que dans les pays d’ancienne culture, travailleront efficacement au développement de leurs forces productives, de leur civilisation et de leur puissance politique, en accordant l’accès le plus facile aux articles fabriqués dans le prix desquels la main-d’œuvre constitue l’élément principal, sous la condition que les autres pays admettront leurs produits agricoles et leurs matières brutes.

La théorie de la liberté du commerce trouvera alors bon accueil en Espagne, en Portugal et à Naples, en Turquie, en Égypte, dans toutes les contrées plus ou moins barbares et sous tous les climats chauds. On ne concevra plus dans ces pays, au degré de civilisation ou ils sont actuellement, l’idée extravagante de créer une industrie manufacturière au moyen du système protecteur.

L’Angleterre, alors, cessera de croire qu’elle est appelée au monopole manufacturier du globe. Elle ne demandera plus que la France, l’Allemagne et les États-Unis sacrifient leurs manufactures à l’avantage de voir admettre chez elle leurs produits agricoles et leurs matières brutes. Elle reconnaîtra la légitimité du système protecteur dans ces contrées, tout en étendant chez elle de plus en plus la liberté du commerce, instruite qu’elle sera par la théorie qu’une nation parvenue à la suprématie manufacturière ne peut préserver ses fabricants et ses négociants du recul et de l’indolence que par la libre importation des denrées alimentaires et des matières brutes et par la concurrence des articles étrangers.

L’Angleterre suivra une marche entièrement opposée à celle qu’elle a suivie jusqu’à présent ; au lieu de solliciter les autres peuples à adopter la liberté du commerce tout en conservant chez elle le système prohibitif le plus rigoureux, elle leur ouvrira son propre marché sans se préoccuper de leurs systèmes protecteurs. Elle ajournera son espoir de l’avènement de la liberté du commerce jusqu’au moment où d’autres peu-