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exécutent la plus grande partie de la besogne, pourvu que les peuples qui lui apportent les produits des premières industries accordent à ses produits agricoles un libre accès.

L’école méconnaît complètement la nature des rapports économiques entre les peuples, quand elle croit que l’échange des produits agricoles contre des produits manufacturés est tout aussi utile à la civilisation, à la prospérité et en général aux progrès sociaux de pareilles nations que l’établissement dans leur propre sein d’une industrie manufacturière. Une nation purement agricole ne développera pas à un haut degré son commerce intérieur et extérieur, ses voies de communication, sa navigation marchande ; elle n’accroîtra pas sa population en même temps que sa prospérité ; elle n’accomplira pas de progrès sensibles dans sa culture morale, intellectuelle, sociale et politique ; elle n’acquerra pas une grande puissance politique ; elle ne sera pas capable d’influer sur la civilisation et sur les progrès des peuples moins avancés ni de fonder des colonies. Le pays purement agriculteur est infiniment au-dessous du pays à la fois agriculteur et manufacturier. Le premier, économiquement et politiquement, dépend toujours plus ou moins des nations étrangères qui lui prennent ses produits agricoles en retour de leurs articles fabriqués. Il ne peut pas déterminer lui-même l’étendue de sa production ; il faut qu’il attende les achats de l’étranger. Les acheteurs, qui sont des peuples à la fois agriculteurs et manufacturiers, produisent eux-mêmes des quantités immenses de matières brutes et de denrées alimentaires, et ne demandent aux peuples agriculteurs que de quoi combler leur déficit. Ceux-ci dépendent donc, pour leur vente, de l’éventualité d’une récolte plus ou moins abondante chez les peuples agriculteurs et manufacturiers ; ils ont de plus pour rivaux d’autres peuples agriculteurs, de sorte qu’un débouché déjà très incertain devient plus incertain encore. Enfin ils sont exposés à voir leurs relations avec les nations manufacturières interrompues par la guerre ou par des mesures commerciales, et ils éprouvent alors le double inconvénient de ne point