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bout de quelques années elle sera capable de vivre par elle-même ; il la traite ainsi comme un apprenti cordonnier auquel on n’accorde que quelques années pour savoir son métier de manière à pouvoir se passer de l’aide de ses parents.


CHAPITRE V.

La nationalité et l’économie de la nation.


Le système de l’école, nous l’avons fait voir dans les précédents chapitres, présente trois défauts essentiels : premièrement un cosmopolitisme chimérique, qui ne comprend pas la nationalité et qui ne se préoccupe pas des intérêts nationaux ; en second lieu, un matérialisme sans vie, qui voit partout la valeur échangeable des choses, sans tenir compte ni des intérêts moraux et politiques, ni du présent et de l’avenir, ni des forces productives de la nation ; troisièmement un particularisme, un individualisme désorganisateur, qui, méconnaissant la nature du travail social et l’opération de l’association des forces dans ses conséquences les plus élevées, ne représente au fond que l’industrie privée telle qu’elle se développerait dans de libres rapports avec la société, c’est-à-dire avec le genre humain tout entier, s’il n’était pas partagé en différentes nations.

Mais, entre l’individu et le genre humain existe la nation, avec son langage particulier et sa littérature, avec son origine et son histoire propres, avec ses mœurs et ses habitudes, ses lois et ses institutions, avec ses prétentions à l’existence, à l’indépendance, au progrès, à la durée, et avec son territoire distinct ; association devenue, par la solidarité des intelligences et des intérêts, un tout existant par lui-même, qui reconnaît chez elle l’autorité de la loi, mais vis-à-vis des autres