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n’équivaut par à la réunion des forces productives de tous les individus pris isolément ; elle dépend principalement de l’état social et politique, et, en particulier, du degré auquel la nation a réalisé chez elle la division du travail et l’association des forces productives ; nous l’avons suffisamment établi dans le dernier chapitre.

Le système de l’école ne voit partout que des individus jouissant d’une entière liberté de relations les uns avec les autres, et satisfaits pourvu qu’on les abandonne à l’instinct naturel qui porte chacun à poursuivre son intérêt particulier. Il est évident que ce n’est pas là un système d’économie nationale, mais un système d’économie privée du genre humain, tel qu’il pourrait se concevoir sans l’intervention des gouvernements, sans la guerre, sans les mesures hostiles de l’étranger. Nulle part il n’explique par quels moyens les nations aujourd’hui florissantes sont parvenues au degré de puissance et de prospérité où nous les voyons, et par quelles causes d’autres ont perdu leur prospérité et leur puissance d’autrefois. Il enseigne comment, dans l’industrie privée, les agents naturels, le travail et le capital concourent à mettre sur le marché des objets ayant de la valeur, et de quelle façon ces objets se distribuent dans le genre humain et s’y consomment. Mais, les moyens à employer pour mettre en activité et en valeur les forces naturelles qui se trouvent à la disposition de tout un peuple, pour faire parvenir une nation pauvre et faible à la prospérité et à la puissance, elle ne les laisse pas entrevoir, par la raison que l’école, repoussant absolument la politique, ignore la situation particulière des différentes nations, et ne s’inquiète que de la prospérité du genre humain. Quand il s’agit du commerce international, c’est toujours l’habitant du pays qu’on oppose à l’étranger ; on emprunte tous les exemples aux relations particulières des commerçants ; on parle toujours de marchandises en général, sans distinguer entre les produits agricoles et les produits fabriqués, pour montrer qu’il est indifférent au pays que les importations et les exportations s’effectuent en argent, en