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compatriotes vis-à-vis des étrangers, privilège d’autant plus légitime que les étrangers en possèdent chez eux un semblable, et que nos compatriotes sont mis ainsi sur le même pied qu’eux. Il n’y a de privilège absolu ni au profit des producteurs ni au détriment des consommateurs ; car, si les producteurs demandent dans le commencement des prix élevés, c’est qu’ils ont à faire face à de grands risques, à ces pertes, à ces sacrifices extraordinaires qui accompagnent toujours les débuts d’une fabrication. Mais, contre une indécente exagération des profits et contre leur durée indéfinie, les consommateurs trouvent une garantie dans la concurrence intérieure qui surgit ensuite, et qui, en général, fait tomber les prix beaucoup plus bas qu’ils ne fussent descendus sous la libre concurrence de l’étranger. Si les agriculteurs, qui sont le principal débouché des manufactures, payent plus cher les articles fabriqués, ils sont largement dédommagés de cet inconvénient par une demande plus forte de leurs produits agricoles et par une élévation de leurs propres prix.

L’école fait un autre sophisme que masque la confusion de la théorie des valeurs et de celle des forces productives, lorsque de cette maxime, que la richesse nationale n’est que la réunion de la richesse de tous les individus, et que l’intérêt privé de chaque individu a plus de puissance que toutes les mesures des gouvernements pour la production et pour l’accumulation de la richesse, elle conclut que l’industrie nationale sera dans les meilleures conditions pour prospérer, si on laisse chaque individu poursuivre paisiblement ses travaux. On peut admettre la maxime, sans que la conclusion de l’école s’ensuive nécessairement ; car il ne s’agit pas, nous l’avons montré dans un précédent chapitre, d’accroître directement, au moyen des restrictions commerciales, la somme de valeurs échangeables du pays, mais bien celle de ses forces productives. Or, la somme des forces productives de la nation

    pas d’accord avec les opinions des écrivains et des orateurs libre-échangistes, qui ont dénoncé les industriels protégés par de hauts droits comme des monopoleurs qui s’enrichissent aux dépens de la société. (S. Colwell.)