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Cet appui lui est utile, mais il ne remplace pas le bras qui lui manque, par cela seul que son activité est soumise au caprice de l’étranger. En possession d’une industrie manufacturière, elle peut produire autant de denrées alimentaires et de matières brutes que ses propres manufactures en consomment ; dépendante des manufactures étrangères, elle ne peut produire en excédant que ce que les peuples étrangers ne peuvent pas produire eux-mêmes et ce qu’ils sont obligés d’acheter au dehors.

De même qu’entre les diverses parties d’un même pays, une division du travail et une association des forces productives existent entre les différents peuples du globe. Au lieu du commerce intérieur ou national, le commerce international leur sert d’intermédiaire. Mais l’association internationale des forces productives est très-imparfaite, en tant qu’elle est fréquemment interrompue par les guerres, par les restrictions, par les crises commerciales, etc. Bien qu’elle soit la plus élevée de toutes, puisqu’elle rattache les uns aux autres les différents peuples du globe, néanmoins, au point de vue de la prospérité particulière des nations déjà avancées en civilisation, elle est la moins importante, et c’est ce que l’école reconnaît par cette maxime, que le marché intérieur d’une nation est incomparablement plus considérable que son marché extérieur. Il s’ensuit qu’il est dans l’intérêt d’une grande nation de faire de l’association nationale des forces productives le principal objet de ses efforts et d’y subordonner l’association internationale.

La division internationale du travail, aussi bien que la division nationale, dépend en grande partie du climat et de la nature. On ne peut pas dans tous les pays produire du thé comme en Chine, des épices comme à Java, du coton comme à la Louisiane, du blé, de la laine, des fruits, des objets fabriqués comme dans les contrées de la zone tempérée. Une nation serait insensée de vouloir obtenir, par la division nationale du travail ou par la production indigène, des articles pour lesquels elle n’est pas douée par la nature et que la division interna-