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ques, et la population manufacturière finira non-seulement par égaler en nombre, mais par surpasser la population des champs. C’est le cas de l’Angleterre ; l’état contraire se rencontre dans une partie de la France et de l’Allemagne. C’est principalement l’élève des moutons et l’industrie des laines à laquelle elle se livra sur une grande échelle, bien avant les autres pays, qui ont conduit l’Angleterre à ce partage naturel des opérations entre l’une et l’autre industrie. Ailleurs l’agriculture s’est rabougrie, principalement sous l’influence de la féodalité et du droit du plus fort. La propriété du sol ne donnait de considération et de puissance qu’autant qu’elle servait à l’entretien d’un certain nombre de vassaux, que le suzerain employait dans ses querelles. Plus on avait de vassaux, plus on avait de soldats. D’ailleurs, dans la barbarie de cette époque, le propriétaire ne pouvait consommer ses rentes autrement qu’en entretenant un grand nombre de domestiques, et il ne pouvait mieux les payer et les attacher à sa personne qu’en leur donnant un morceau de terre à cultiver, sous la condition d’un service personnel et d’une faible redevance en nature. C’est ainsi qu’une division exagérée du sol fut artificiellement produite ; et, lorsque, aujourd’hui, l’autorité publique essaie de la restreindre par des moyens également artificiels, elle ne fait que rétablir la nature des choses.

Pour arrêter le rabougrissement de l’agriculture d’une nation, et pour le faire graduellement cesser lorsque d’anciennes institutions l’ont produit, le moyen le meilleur, indépendamment des encouragements à l’émigration, consiste dans une industrie manufacturière. Peu à peu, ainsi, l’accroissement de la population est attiré dans les fabriques, et une plus grande demande de produits agricoles est créée ; par suite les grandes exploitations deviennent plus profitables, et le fermier est encouragé à tirer de son champ le plus grand surplus de produits possible.

La puissance productive du fermier ainsi que de l’ouvrier de l’agriculture sera toujours plus ou moins grande, suivant que l’échange des produits agricoles contre les articles