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à l’agriculture qu’à l’industrie manufacturière ; Smith n’a envisagé qu’une fabrique ou qu’un domaine isolé. Il a négligé d’étendre son principe à des régions, à des provinces entières. Nulle part la division des tâches et la combinaison des forces productives n’exercent plus d’influence que lorsque chaque région, chaque province se voit en état de se consacrer exclusivement, ou du moins principalement, à cette branche de la production agricole pour laquelle elle a été particulièrement douée par la nature. Ici l’on voit surtout réussir le blé et le houblon, là le vin et les fruits ; dans un autre endroit, les forêts et l’élève du bétail. Si chaque région cultive toutes ces branches à la fois, il est visible que son travail et son sol ne peuvent pas être, à beaucoup près, aussi productifs que si elle s’appliquait de préférence aux branches que la nature lui a spécialement assignées, et qu’elle échangeât l’excédant de sa production particulière contre celui de provinces qui possèdent aussi des avantages naturels pour la production d’autres denrées alimentaires et d’autres matières brutes. Ce partage des tâches, cette combinaison des forces productives employées dans l’agriculture, ne peut se réaliser qu’en un pays parvenu à un haut degré de développement dans toutes les branches de fabrication ; car là seulement existe une forte demande pour les produits agricoles les plus variés ; là seulement la demande de l’excédant de la production agricole est assez certaine et assez considérable pour que le producteur puisse être sûr de vendre dans l’année, ou au moins l’année suivante, à un prix convenable, tout le surplus de sa récolte ; ce n’est que dans un pareil pays que de puissants capitaux peuvent être consacrés à la spéculation sur les produits de la terre et à leur emmagasinement, que des voies de communication perfectionnées, telles que canaux et chemins de fer, lignes de bateaux à vapeur, chaussées bien entretenues, peuvent être utilement employés à leur transport ; et c’est seulement à l’aide d’un bon système de communications, que les provinces, même les plus éloignées, peuvent opérer l’échange du surplus de leurs productions respectives. Là où chacun produit ce qu’il consomme, il y a peu d’occa-