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ment en matière de travail. Eux qui approuvent d’autres encouragements plus ou moins efficaces employés par les pouvoirs publics, pourquoi déploient-ils tant de sévérité contre celui-là, contre un moyen qu’une si longue et si générale expérience a, en quelque sorte, consacré ? Ont-ils suivi, en le condamnant, la vraie méthode de la science ? Le philosophe illustre de l’antiquité qui, dans sa Poétique, a tracé les règles du goût, les avait puisées dans les œuvres des grands poètes ; les économistes qui ont essayé de formuler la théorie du commerce international, devaient-ils dédaigner, comme ils l’ont fait, les exemples des grands administrateurs et des grands hommes d’État ? C’est, le flambeau de l’histoire à la main, que Malthus a découvert, ou tout au moins a prouvé les lois de la population. Si l’on veut se bien édifier sur celles du commerce international, au lieu de railler légèrement tous les tarifs et tous les règlements protecteurs, ces expressions de la civilisation industrielle des peuples, il faudrait, avec le même soin et avec le même calme d’esprit que les physiciens et les chimistes en présence des phénomènes de la nature, en rechercher la signification, les tendances et les effets.

A défaut d’une investigation profonde et concluante dans le domaine des faits, trouve-t-on du moins dans les principes déjà établis et devenus évidents des arguments décisifs ?

L’objection célèbre, que la protection ne peut que changer artificiellement l’emploi du capital national, suppose que, au moment où le droit protecteur est établi, tout le capital du pays est employé, qu’il l’est de la manière la plus avantageuse, et qu’il n’est pas susceptible d’accroissement ; et elle : oublie les capitaux étrangers. D’ailleurs, elle peut être alléguée contre tout autre encouragement donné par l’État à une industrie.

Mais un principe est depuis longtemps placé au-dessus des toutes les controverses, c’est celui de la division du travail. Incontestablement la division de travail s’accommode mal des barrières de douanes qui entoureraient un espace trop cir-