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Des exemples tirés de l’économie privée mettent dans tout son jour la différence qui existe entre la théorie des forces productives et la théorie des valeurs.

    chesse, il se serve habituellement de cette expression, le produit annuel du travail et de la terre, List a mauvaise grâce à lui contester l’honneur d’avoir mis le travail en relief vis-à-vis des physiocrates qui refusaient à l’industrie humaine la faculté de produire des richesses.
      Il fait aussi une mauvaise chicane à J.-B. Say et à Mac Culloch.
      La définition de l’économie politique par J.-B. Say est restée comme la plus simple et la plus claire de celles qu’on a produites jusqu’à ce jour ; on peut seulement la formuler d’une manière plus brève, en disant simplement que l’économie politique est la science de la production et de la distribution des richesses. Elle n’implique rien de contraire aux idées de l’auteur du Système national ; la richesse est incontestablement l’objet de l’économie politique:mais l’énoncé de cette proposition n’empêche nullement de préférer à la richesse les facultés qui la produisent.
      Quant à Mac Culloch, après avoir défini la science à peu près comme J.-B. Say, il ajoute, page 3 de ses Principes:« L’économie politique pourrait être appelée la science des valeurs ; car aucun objet dépourvu de valeur échangeable ne peut entrer dans le cercle de ses investigations. » Mac Culloch, distinguant la valeur de l’utilité, veut ici tout simplement éliminer, comme étrangères à l’économie politique, les richesses que la nature prodigue gratuitement à tous, et auxquelles le travail ou tout au moins l’appropriation n’a pas communiqué de valeur échangeable. Ailleurs il assigne pour mission à l’économie politique de rechercher les moyens d’accroître la puissance productive du travail.
      M. J. Stuart Mill a signalé le vice de la définition par laquelle quelques-uns de ses compatriotes ont fait de l’économie politique la science des échanges ; il a établi que les lois de la production seraient les mêmes, quand l’échange n’existerait pas, et que, bien que la rémunération du travail, dans notre état social, dépende du prix des marchandises, l’échange n’est pas plus la loi fondamentale de la distribution, que les routes et les voitures ne constituent les lois du mouvement. Les deux faits essentiels de l’économie politique sont la production et la distribution des richesses ; ce sont eux seuls qui doivent entrer dans sa définition.
      Quoi qu’il en soit, la distinction entre la théorie des valeurs et celle des forces productives ne me paraît pas plus admissible que celle du précédent chapitre entre l’économie politique ou l’économie cosmopolite ; elle ne sert, comme cette dernière, qu’à faire ressortir des erreurs ou des omissions commises par les devanciers de List. On a dit avec raison, que les forces productives ne peuvent pas plus être séparées des valeurs créées par elle que les causes de leurs effets, d’autant moins que, dans l’enchaînement des phénomènes économiques, ce qui était effet devient cause à son tour. Tous les traités d’économie politique contiennent une analyse telle quelle des forces productives ; mais il est très-vrai que des économistes, et des meilleurs, ont trop