Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

productives qui, sans cela, émigrerait vers des régions lointaines ou aux colonies.

La politique renvoie à l’histoire, et elle demande si l’Angleterre n’a pas par ce moyen attiré chez elle une quantité immense de forces productives d’Allemagne, d’Italie, de Hollande, de Belgique, de France et de Portugal. Elle demande pourquoi l’école cosmopolite, en comparant les inconvénients et les avantages du système protecteur, omet entièrement ce grand résultat.


CHAPITRE II.

La théorie des forces productives et la théorie des valeurs


L’ouvrage célèbre d’Adam Smith a pour titre : « De la nature et des causes de la richesse des nations. » Le fondateur de l’école régnante a ainsi indiqué avec exactitude le double point de vue sous lequel on doit envisager l’économie des nations aussi bien que celle des particuliers. Les causes de la richesse sont tout autre chose que la richesse elle-même. Un individu peut posséder de la richesse, c’est-à-dire des valeurs échangeables ; mais s’il n’est pas capable de produire plus de valeurs qu’il n’en consomme, il s’appauvrira. Un individu peut être pauvre, mais, s’il est en état de produire au delà de sa consommation, il deviendra riche.

Le pouvoir de créer des richesses est donc infiniment plus important que la richesse elle-même ; il garantit non-seulement la possession et l’accroissement du bien déjà acquis, mais encore le rétablissement de celui qu’on a perdu. S’il en est ainsi des simples particuliers, c’est plus vrai encore des nations, qui ne peuvent pas vivre de rentes. L’Allemagne a été dans chaque siècle désolée par la peste, par la famine ou