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légal et renonceraient à se faire elles-mêmes justice, n’est réalisable qu’autant qu’un certain nombre seraient parvenues à un degré à peu près égal d’industrie et de civilisation, d’éducation politique et de puissance. La liberté du commerce ne peut s’étendre que par le développement graduel de cette union ; c’est par elle seulement qu’elle peut procurer à tous les peuples les grands avantages dont les provinces et les États associés nous offrent aujourd’hui l’exemple. Le système protecteur, en tant qu’il est l’unique moyen d’élever les États moins avancés en civilisation au niveau de la nation prépondérante, laquelle n’a point reçu de la nature, à tout jamais, le monopole de l’industrie manufacturière, mais a seulement pris les devants sur les autres ; le système protecteur apparaît, envisagé de ce point de vue, comme le plus puissant promoteur de l’association finale des peuples, par conséquent de la vraie liberté du commerce. Et, de ce même point de vue, l’économie politique se présente comme la science qui, tenant compte des intérêts existants et de la situation particulière des nations, enseigne comment chacune d’elles peut parvenir à ce degré de développement économique auquel l’association avec d’autres nations d’une égale culture, partant la liberté du commerce, lui deviendra possible et avantageux.

Mais l’école a confondu les deux doctrines ; elle commet la grande faute d’appliquer à la situation des divers pays des Principes purement cosmopolites, et en même temps de méconnaître, par des considérations politiques, la tendance cosmopolite des forces productives.

C’est pour avoir méconnu la tendance cosmopolite des forces productives que Malthus est tombé dans cette erreur de vouloir restreindre l’accroissement de la population ; que tout récemment Chalmers et Torrens ont conçu l’étrange idée que l’augmentation des capitaux et une production sans bornes étaient des maux auxquels l’intérêt général commandait de mettre un terme ; que Sismondi a déclaré les fabriques des choses nuisibles à la société[1]. La théorie ressemble ici à

  1. Dans toute science, surtout dans une science qui n’a pas encore atteint