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à la population et à employer les habitants des campagnes, les bras inoccupés vont chercher dans des contrées lointaines des terres labourables ; lorsque les talents et les capacités industrielles en trop grand nombre n’obtiennent plus dans le pays une rémunération suffisante, ils émigrent vers les lieux qui les recherchent ; lorsque, par l’accumulation des capitaux matériels, le taux de l’intérêt tombe si bas que le petit capitaliste n’y trouve plus de quoi vivre, celui-ci cherche dans des pays moins riches un placement plus avantageux.

Le système de l’école repose donc sur une idée vraie, idée que la science doit admettre et élaborer pour remplir sa vocation, qui est d’éclairer la pratique, idée que la pratique ne peut méconnaître sans s’égarer. Seulement l’école a négligé de tenir compte des nationalités, de leurs intérêts, de leur état particulier, et de les concilier avec l’idée de l’union universelle et de la paix perpétuelle.

L’école a admis comme réalisé un état de choses à venir. Elle présuppose l’existence de l’association universelle et de la paix perpétuelle, et en conclut les grands avantages de la liberté du commerce. Elle confond ainsi l’effet avec la cause. La paix perpétuelle existe entre des provinces et des États déjà associés ; c’est de cette association qu’est dérivée leur union commerciale ; ils ont dû à la paix perpétuelle où ils vivent les avantages que celle-ci leur a procurés. Tous les exemples que nous présente l’histoire nous montrent l’union politique précédant l’union commerciale. Elle n’en fournit point où la seconde ait frayé la voie à la première. Dans l’état actuel du monde, la liberté du commerce enfanterait, au lieu de la république universelle, l’assujettissement universel des peuples à la suprématie de la puissance prépondérante dans les manufactures, dans le commerce et dans la navigation ; il y a pour cela des raisons fort graves, à notre avis hors de contestation.

La république universelle, telle que l’entendaient Henri IV et l’abbé de Saint-Pierre, c’est-à-dire une association dans laquelle toutes les nations reconnaîtraient entre elles un régime