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des hommes est à son degré le plus bas, et qu’il s’élève à mesure que grandissent les associations humaines. Dans l’état primitif du genre humain, nous n’apercevons que des familles, puis nous voyons des villes, puis des confédérations de villes, puis la réunion de toute une contrée, puis enfin l’association de plusieurs États sous un régime légal. Si la nature des choses a été assez forte pour étendre jusqu’à des centaines de millions d’âmes l’association qui a commencé par la famille, on peut lui supposer assez d’énergie pour opérer la réunion de tous les peuples. Si l’esprit humain a été capable de reconnaître les avantages de ces grandes sociétés, on peut l’estimer en état de comprendre aussi ceux d’une association de l’espèce entière. Une multitude de signes révèlent cette tendance. Il nous suffira de rappeler les progrès accomplis dans les sciences et dans les arts, dans l’industrie et dans l’organisation sociale. Dès aujourd’hui on peut prévoir avec certitude que, dans quelques dizaines d’années, grâce au perfectionnement des moyens de transport, les peuples civilisés seront, dans leurs rapports à la fois matériels et moraux, unis entre eux aussi étroitement et plus étroitement encore que les différents comtés de l’Angleterre ne l’étaient il y a un siècle. Déjà les gouvernements des nations continentales possèdent dans le télégraphe le moyen de s’entretenir les uns avec les autres, presque comme s’ils se trouvaient en un seul et même lieu[1]. Des forces puissantes, jusque-là inconnues, ont déjà élevé l’industrie à un degré de développement qu’on n’avait pas soupçonné, et d’autres plus puissantes encore ont annoncé leur apparition. Mais plus l’industrie avance, plus elle s’étend également sur les différentes contrées, moins la guerre devient possible. Deux peuples également avancés en industrie se feraient mutuellement plus de mal en une semaine qu’ils ne pourraient en réparer dans l’espace d’une gé-

  1. La télégraphie électrique, dont l’invention est postérieure à cet ouvrage, permet ces communications non-seulement aux gouvernements, mais au commerce, et ce n’est pas uniquement sur le continent qu’elle fonctionne, elle a déjà franchi la mer. (H. R.)