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Quesnay et son école avaient enseigné avant eux ; car l’article de la Revue méthodique concernant les physiocrates dit, à peu près dans les mêmes termes, que le bonheur des individus dépend en général de celui de l’espèce humaine. Le premier des coryphées américains de la liberté du commerce telle que l’entend Adam Smith, Thomas Cooper, président du collège de Colombie, va jusqu’à nier l’existence de la nationalité ; il appelle la nation « une invention grammaticale, imaginée uniquement pour épargner des périphrases, une non-entité, quelque chose qui n’a d’existence que dans le cerveau des hommes politiques. » Cooper est d’ailleurs parfaitement conséquent avec lui-même, beaucoup plus que ses devanciers et que ses maîtres ; car, du moment qu’on reconnaît l’existence des nations avec leurs conditions d’être et leurs intérêts, on se voit obligé de modifier l’économie de la société humaine conformément à ces intérêts particuliers ; si donc on a l’intention de signaler ces modifications comme des erreurs, il est habile de contester tout d’abord aux nations leur existence.

Pour notre part, nous sommes très-loin de rejeter la théorie de l’économie cosmopolite, telle qu’elle a été élaborée par l’école ; nous pensons seulement que l’économie politique, ou ce que Say appelle l’économie publique, doit aussi être élaborée scientifiquement, et qu’il vaut toujours mieux désigner les choses par leur nom véritable que de leur donner des dénominations contraires au sens des mots.

Pour rester fidèle à la logique et à la nature des choses, il faut opposer à l’économie privée l’économie sociale, et distinguer dans celle-ci l’économie politique ou nationale, qui, prenant l’idée de nationalité pour point de départ, enseigne comment une nation donnée, dans la situation actuelle du monde et eu égard aux circonstances qui lui sont particulières, peut conserver et améliorer son état économique ; et l’économie cosmopolite ou humanitaire, qui part de l’hypothèse que toutes les nations du globe ne forment qu’une société unique vivant dans une paix perpétuelle.

Si l’on présuppose, avec l’école, l’association universelle ou