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d’un grand fait, la nationalité avec ses intérêts et ses besoins, l’existence de nations distinctes et développées inégalement ; et, par une analyse dont les esprits impartiaux peuvent aisément vérifier les résultats, il a constaté que, sans préoccupation de doctrine, par le seul instinct de leur conservation, ou dans une pensée d’avancement, la plupart des nations modernes ont été amenées à limiter la liberté de leur commerce extérieur, et que ces restrictions, suivant les conditions dans lesquelles elles avaient été établies, ont été tantôt avantageuses, tantôt stériles et funestes. Toute restriction, sans doute, par renchérissement des articles qui en sont l’objet, produit un mal immédiat, qui consiste dans une perte de valeurs ; mais ce sacrifice temporaire peut être, comme il l’a été dans plus d’un cas, largement compensé par un accroissement durable de la puissance productive ; or la puissance productive, ce point est capital dans la doctrine de List, est quelque chose de plus précieux que les valeurs qu’elle crée et qu’elle multiplie. Usez de la protection douanière, dit l’auteur du Système national, mais avec ménagement et intelligence ; réservez-la pour les industries considérables dont la possession importe à la prospérité et à l’indépendance du pays ; elle ne sera féconde que sur un espace assez vaste pour permettre un large développement de la division du travail national, et que dans de bonnes conditions, non-seulement géographiques, mais politiques et morales ; elle n’est bonne qu’autant qu’elle sert à l’éducation industrielle de la nation, et, cette mission une fois remplie, elle doit faire place à la liberté. La protection n’est qu’un moyen, c’est la liberté qui est le but.

La doctrine de List comporte des réserves, ainsi qu’on le verra dans les notes qui accompagnent la présente traduction[1] ; le livre où elle est exposée a les défauts comme les

  1. Ces notes du traducteur, qui consistent dans des rectifications et dans des éclaircissements sur des points de doctrine et de fait, sont signées de ses initiales, et elles seront ainsi facilement distinguées de celles de l’auteur lui-même.