Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lande succombe sous les coups de l’Angleterre et de la France.

La décadence de Venise, de l’Espagne et du Portugal, le mouvement rétrograde de la France après la révocation de l’édit de Nantes, et l’histoire de l’Angleterre, où nous voyons la liberté marcher toujours du même pas que l’industrie, que le commerce et que la richesse nationale, enseignent que la politique restrictive n’est efficace qu’autant qu’elle est soutenue par le développement de la civilisation et par des institutions libres dans le pays.

D’un autre côté l’histoire des États-Unis et l’expérience de l’Angleterre apprennent qu’une culture très-avancée avec ou sans institutions libres, si elle n’est appuyée par une bonne politique commerciale, n’est qu’une faible garantie des progrès économiques d’une nation.

L’Allemagne moderne, dépourvue d’une politique commerciale énergique et collective, livrée sur son territoire à la concurrence d’une industrie manufacturière étrangère supérieure a tous égards, exclue en même temps des marchés étrangers par des restrictions arbitraires et souvent capricieuses, loin d’accomplir dans son industrie des progrès en harmonie avec son degré de culture, ne peut pas même se maintenir à son ancien rang, et se verra exploitée comme une colonie par le même peuple, qui, il y a quelques siècles, était de même exploité par ses marchands, jusqu’à ce qu’enfin ses gouvernements se décident, par un système commun et vigoureux, à assurer le marché intérieur à son industrie.

Les États-Unis, plus en mesure qu’aucun autre pays avant eux de tirer parti de la liberté du commerce, influencés d’ailleurs au berceau même de leur indépendance par les leçons de l’école cosmopolite, s’efforcent plus qu’aucun autre d’appliquer ce principe. Mais nous les voyons deux fois obligés, par leurs guerres avec la Grande-Bretagne, de fabriquer eux-mêmes les objets manufacturés que, sous le régime du libre commerce, ils tiraient du dehors ; deux fois, après le rétablissement de la paix, conduits par la libre concurrence avec l’étranger à deux doigts de leur perte, et avertis par