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l’Italie commande-t-elle en souveraine sur la Méditerranée, et depuis quand son cabotage même est-il tombé aux mains des étrangers ? L’Inquisition avait depuis longtemps prononcé sur les flottes espagnoles un arrêt de mort, avant qu’il fût exécuté par celles de l’Angleterre et de la Hollande. Du jour où surgissent les oligarchies marchandes des Villes anséatiques, la puissance et l’audace se retirent de la Hanse. Dans les anciens Pays-Bas, les navigateurs conquièrent seuls leur liberté ; ceux qui se soumettent à l’Inquisition sont condamnés à voir fermer jusqu’à leurs fleuves. La flotte anglaise, victorieuse, dans la Manche, de celle de la Hollande, ne fit que prendre possession de la domination maritime, que l’esprit de la liberté lui avait depuis longtemps attribuée. La Hollande, pourtant, a conservé jusqu’à nos jours une grande partie de sa marine, tandis que celle des Espagnols et des Portugais est il peu près anéantie. Inutilement quelques grands administrateurs essaient de donner une flotte à la France sous le règne du despotisme, cette flotte disparaît toujours. Aujourd’hui la marine marchande et la marine militaire de la France grandissent sous nos yeux. À peine l’indépendance des États-Unis de l’Amérique du Nord est-elle accomplie, que déjà ils luttent glorieusement contre les flottes géantes de la mère patrie. Mais qu’est-ce que la navigation de l’Amérique du Centre et de celle du Sud ? Tant que leurs pavillons ne flotteront pas sur toutes les mers, l’efficacité de leur régime républicain sera contestable. Voyez, au contraire, le Texas ; à peine éveillé à la vie, il réclame déjà sa part de l’empire de Neptune.

La navigation n’est qu’un élément de la force industrielle du pays, élément qui ne peut croître et fleurir que dans l’ensemble et par l’ensemble. En tous temps et en tous lieux, la navigation, le commerce intérieur et extérieur, l’agriculture elle-même ne se montrent prospères que là où les manufactures sont parvenues à une grande prospérité. Mais, si la liberté est la condition fondamentale du développement de la navigation, à combien plus forte raison n’est-elle pas la condition essentielle de l’accroissement de l’industrie manufactu-