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struction et les combustibles dont ils ont besoin ; il n’y aurait donc rien à transporter le long de la côte. Comment le commerce extérieur et la navigation avec l’étranger prendraient-ils de l’accroissement ? Le pays n’a rien à offrir de ce que les peuples les moins avancés possèdent en abondance, et les nations manufacturières, chez lesquelles il écoulerait ses produits, protégent leur marine marchande. Dans ce déclin des pêcheries, du cabotage, de la navigation avec l’étranger et du commerce extérieur, que deviendra la marine militaire ? Comment, sans marine militaire, les États de l’Atlantique pourront-ils se défendre contre les attaques du dehors ? Comment l’agriculture même pourra-t-elle fleurir dans ces États, lorsque, transportées dans l’Est par les canaux et par les chemins de fer, les denrées des terres beaucoup plus fertiles et beaucoup moins chères de l’Ouest, de ces terres qui n’ont pas besoin d’engrais, pourront s’y vendre à meilleur marché que l’Est lui-même ne peut les produire avec un sol depuis longtemps épuisé ? Comment, dans un pareil état de choses, la civilisation des États de l’Est pourrait-elle avancer et leur population s’accroitre, lorsqu’il est évident que, sous l’empire du libre commerce avec l’Angleterre, tout leur trop-plein de population et de capital agricole se porterait vers l’Ouest ? La situation actuelle de la Virginie ne donne qu’une faible idée de celle à laquelle le dépérissement des manufactures réduirait les États de l’Atlantique ; la Virginie, en effet, de même que tous les États méridionaux du même littoral, prend parfois une large part à l’approvisonnement des États manufacturiers en produits agricoles.

L’existence d’une industrie manufacturière dans les États de l’Atlantique change entièrement la face des choses. Alors affluent de toutes les contrées européennes population, capital, habileté technique, ressources intellectuelles ; alors augmente, avec les envois de matières brutes de l’Ouest, la demande des produits manufacturés de ces États ; alors leur population, le nombre et l’importance de leurs villes, leur richesse, enfin, se développent dans les mêmes proportions