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industrieuse, riche, indépendante, et où peut-être nos petits-fils verront la première puissance maritime et commerciale du monde. L’histoire commerciale et industrielle de l’Amérique du Nord est plus instructive que toute autre à notre point de vue ; le développement y est rapide, les périodes de commerce libre et de commerce restreint se succèdent promptement ; les résultats se manifestent avec toute évidence, et le mécanisme entier de l’industrie nationale et de l’administration publique se met à découvert sous l’œil de l’observateur.

Les colonies de l’Amérique du Nord furent tenues par la métropole, sous le rapport des arts industriels, dans un si complet asservissement, qu’outre la fabrication domestique et les métiers usuels, on n’y toléra aucune espèce de fabriques. En 1750, une fabrique de chapeaux établie dans le Massachusets provoqua l’attention et la jalousie du Parlement, qui déclara toutes les fabriques coloniales dommageables au pays (common nuisances), sans en excepter les forges, dans une contrée qui possédait en abondance tous les éléments de la fabrication du fer. En 1778, le grand Chatham, alarmé par les premiers essais manufacturiers de la Nouvelle-Angleterre, soutint qu’on ne devait pas permettre qu’il se fabriquât dans les colonies un fer à cheval.

Adam Smith a le mérite d’avoir le premier signalé l’iniquité de cette politique.

Le monopole de l’industrie manufacturière par la mère patrie est l’une des principales causes de la révolution américaine ; la taxe sur le thé ne fit que déterminer l’explosion.

Affranchis des entraves qu’on leur avait imposées, en possession de toutes les conditions matérielles et intellectuelles de l’industrie manufacturière, et séparés du pays d’où ils tiraient des objets fabriqués et ou ils vendaient leurs produits bruts, réduits, par conséquent, à leurs propres ressources pour la satisfaction de tous leurs besoins, les États de l’Amérique du Nord virent, durant la guerre de l’indépendance, les fabriques de toute espèce prendre chez eux un remarquable essor, et l’agriculture en retirer de tels avantages, que la va-