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de l’autre côté de l’Atlantique, sur un peuple de colons, qui, presque sous nos yeux, s’est élevé d’un complet assujettissement à sa mère patrie et du morcellement entre diverses provinces qu’aucun lien politique ne rattachait entre elles, à l’état de nation compacte, bien organisée, libre, puissante, .

    les journaux et dans les livres. On se plaît à répéter que l’industrie manufacturière de la Russie a une existence tout artificielle ; les libéraux, les esprits passionnés trouvent extrêmement injuste que la Russie s’occupe de ses intérêts et non pas de ceux de l’étranger, malgré le désespoir que leur cause un système de clôture qui, à proprement parler, n’existe pas. List a dit la vérité.
      « Il est faux en outre que l’industrie russe vive à l’aide de sacrifices du gouvernement. Elle est forte par elle-même, et, depuis vingt-cinq ans, aucune somme importante n’a été consacrée à soutenir les fabriques. On a, depuis 1823, employé de tout autres moyens pour le développement de l’industrie : une gazette du commerce, un journal des manufactures, des agents à l’étranger pour faire connaître toutes les nouvelles découvertes, tous les perfectionnements, l’expédition régulière d’échantillons, l’engagement d’étrangers habiles, un conseil des manufactures avec ses sections et ses correspondants, un grand institut technologique des écoles industrielles, l’envoi de jeunes gens à l’étranger, des expositions périodiques des produits de l’industrie à Moscou et à Saint-Pétersbourg avec des récompenses pour le mérite, des écoles gratuites de dessin, des règlements pour une meilleure police du travail, et beaucoup d’autres moyens que j’omets. Tout cela a contribué à accroître les lumières, le zèle, en un mot le capital intellectuel, à perfectionner les méthodes, à développer les dispositions naturelles de la nation, enfin à porter l’industrie au degré d’avancement auquel elle est parvenue et à réduire les prix, peut-être dans une trop forte proportion. Si cette industrie est encore en arrière pour les qualités superfines, elle réussit parfaitement dans les bonnes qualités, dans les articles moyens et inférieurs. Les draps ordinaires de la Russie sont meilleurs que ceux de France et ne coûtent pas davantage. Le tissage et la filature du coton y sont en bonne voie, pour les soieries, il n’y a qu’avec Lyon qu’elle ne puisse pas rivaliser. Saint-Pétersbourg et Moscou sont remplis de fabriques ; les bronzes de Saint-Pétersbourg, s’ils le cèdent pour la forme à ceux de France, sont d’un meilleur travail et d’une dorure plus solide, un peu plus chers toutefois. Du reste, si des écrivains sérieux, je ne nomme personne, dépeignent l’industrie russe comme artificielle, on doit l’expliquer sans doute par l’influence épidémique des rêveries du libre échange. »
      Je dois ajouter que les modifications apportées au tarif russe depuis un certain nombre d’années ont eu généralement pour but d’accorder des facilités au commerce. Le tarif de novembre 1850 avait aboli la plupart des prohibitions en les remplaçant, il est vrai, par des droits extrêmement élevés. Un nouveau tarif, qui apporte au régime en vigueur de notables adoucissements, a été signé le 9 juin 1857. (H. R.)