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grand but : les objets de consommation générale que toute contrée peut le plus aisément fabriquer elle-même, et dont la production lui importe le plus à cause du chiffre élevé de sa valeur totale, étaient le plus fortement imposés, et les droits protecteurs s’abaissaient à mesure que s’élevaient la finesse et le prix de la marchandise, partant la difficulté de la fabrication et l’attrait comme la possibilité de la contrebande.

Cette tarification d’après le poids dut, on le conçoit aisément, atteindre le commerce des autres États allemands à un plus haut degré que celui des nations étrangères. Les États petits et moyens de l’Allemagne, déjà exclus des marchés de l’Autriche, de la France et de l’Angleterre, le furent alors presque entièrement du marché de la Prusse ; ce qui leur fut d’autant plus sensible, que plusieurs d’entre eux étaient en totalité ou en grande partie enclavés dans les provinces prussiennes.

La même mesure qui avait apaisé les fabricants de la Prusse, excita donc une douloureuse émotion parmi ceux du reste de l’Allemagne. Déjà peu auparavant l’Autriche avait grevé l’importation des produits fabriqués allemands en Italie, surtout celle des toiles de la haute Souabe. Bornés de toutes parts, pour leurs débouchés, à de petits territoires, et séparés même entre eux par de petites lignes de douane, les manufacturiers de ces États étaient dans un état voisin du désespoir.

Ce fut cette extrémité qui provoqua l’association de cinq à six mille fabricants et négociants allemands, fondée en 1819 à la foire du printemps de Francfort-sur-le-Mein, dans le but, d’une part d’abolir les douanes intérieures, de l’autre d’établir en Allemagne un système commun de commerce et de douanes.

Cette association se donna une organisation régulière. Les statuts en furent soumis à l’approbation de la Diète germanique, ainsi que de tous les princes et de tous les gouvernements d’Allemagne. Elle eut dans chaque ville allemande un correspondant local, dans chaque pays un correspondant provincial. Tous les membres et tous les correspondants