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rieurement commencée, a reçu alors seulement une forte impulsion ; qu’alors seulement on s’est occupé sérieusement de perfectionner les voies de transport. Il est vrai que l’Allemagne perdit en grande partie son ancien commerce d’exportation, notamment en tissus de lin ; mais le profit surpassa sensiblement la perte, surtout pour les fabriques de Prusse et d’Autriche, qui avaient pris les devants sur celles du reste de l’Allemagne.

Au retour de la paix, les manufacturiers de l’Angleterre firent de nouveau à ceux de l’Allemagne une concurrence redoutable ; car, durant une période de clôture réciproque, de nouvelles inventions et la possession presque exclusive du marché du monde leur avaient donné une immense supériorité ; d’ailleurs, mieux pourvus de capitaux, ils pouvaient coter leur prix beaucoup plus bas, offrir des articles beaucoup plus parfaits et accorder des crédits beaucoup plus longs que les Allemands, qui avaient encore à lutter contre les difficultés du début. Il s’ensuivit une ruine générale et des cris de détresse parmi ces derniers, surtout manufacturiers du Rhin inférieur, de cette région qui, après avoir fait partie de la France, se voyait alors fermer le marché de cet État. L’ancien tarif prussien avait éprouvé aussi beaucoup de modifications dans le sens de la liberté absolue du commerce, et n’accordait pas une protection suffisante contre la concurrence anglaise. La bureaucratie prussienne, toutefois, résista longtemps à cette demande de secours. Elle s’était trop imbue, dans les universités, de la théorie d’Adam Smith, pour pouvoir promptement comprendre les besoins de l’époque. Il y eut même alors en Prusse des économistes qui ne craignirent pas de songer à ressusciter le système des physiocrates, mort depuis si longtemps. Mais, ici encore, la nature des choses fut plus forte que la théorie. On n’osa pas rester trop longtemps sourd au cri de détresse des manufactures, ce cri partant d’ailleurs d’une contrée qui regrettait son ancienne union

    magne étant en grande partie exclue du marché français, tandis que le marché allemand était ouvert à l’industrie française.