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sances européennes, et tout cela fut l’œuvre d’un seul homme, d’un homme de génie ! La couronne, pourtant, n’était pas soutenue par l’énergie d’institutions libres ; elle l’était uniquement par une administration bien réglée et consciencieuse, mais emprisonnée dans le mécanisme mort d’une bureaucratie hiérarchique.

Cependant le reste de l’Allemagne était resté depuis des siècles sous l’influence de la liberté du commerce ; c’est-à-dire, que tout le monde pouvait porter des articles fabriqués et d’autres produits en Allemagne, et que personne ne voulait recevoir les articles fabriqués et les autres produits de celle-ci. Cette règle souffrait des exceptions, mais en petit nombre. On ne saurait invoquer l’expérience de cette contrée en faveur des maximes et des promesses de l’école touchant les grands avantages de la liberté du commerce ; on reculait partout plus qu’on avançait. Des villes telles qu’Augsbourg, Nuremberg, Mayence, Cologne, etc. ne comptaient plus que le tiers ou le quart de leur ancienne population, et l’on désirait souvent la guerre, ne fût-ce que pour se débarrasser d’un excédant de produits sans valeur.

La guerre arriva à la suite de la révolution française, et, avec elle, les subsides de l’Angleterre et sa concurrence sur une plus grande échelle ; de là une nouvelle chute des fabriques au milieu d’une prospérité croissante, mais apparente et passagère, de l’agriculture.

Ce fut alors que le blocus continental de Napoléon vint faire époque dans l’histoire de l’industrie allemande comme dans celle de l’industrie française, bien que J. B. Say, le disciple le plus célèbre d’Adam Smith, l’ait qualifié de calamité. En dépit des théoriciens, et particulièrement des théoriciens anglais, il est reconnu, et tous ceux qui connaissent l’industrie allemande peuvent l’attester, tous les relevés statistiques du temps en fournissent la preuve, que c’est de ce blocus que date l’essor des manufactures allemandes en tous genres[1], que l’amélioration de l’élève des moutons, anté-

  1. Ce système a dû opérer inégalement en France et en Allemagne,