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Les premières mesures de gouvernement pour l’encouragement des manufactures en Allemagne furent prises par l’Autriche et par la Prusse. En Autriche, ce fut sous Charles VI et Marie-Thérèse, mais plus encore sous Joseph II. L’Autriche avait précédemment éprouvé des pertes considérables par l’expulsion des protestants, ses habitants les plus industrieux ; et l’on ne saurait signaler chez elle, dans les temps qui suivirent, de sollicitude pour les lumières et pour la culture de l’esprit. Néanmoins, à l’aide des droits protecteurs, de l’amélioration de l’élève des moutons, du perfectionnement des routes et de divers encouragements, les arts industriels firent déjà sous Marie-Thérèse de remarquables progrès.

Cette œuvre fut poussée avec plus d’énergie et avec infiniment plus de succès sous Joseph II. Au commencement, il est vrai, les résultats furent minces, parce que l’empereur, à sa manière, précipita cette réforme comme toutes les autres, et que l’Autriche était encore fort en arrière des autres États. On reconnut là aussi qu’il ne faut pas faire trop de bien d’un seul coup, et que les droits protecteurs, pour opérer conformément à la nature des choses et de manière à ne pas troubler les rapports existants, ne doivent pas être trop élevés dans l’origine. Mais plus ce système a duré, plus s’en est révélée la sagesse. L’Autriche lui doit une industrie aujourd’hui brillante et la prospérité de son agriculture.

L’industrie de la Prusse avait souffert, plus que celle de tout autre pays, des ravages de la guerre de Trente Ans. Sa fabrication principale, celle des draps de la marche de Brandebourg, avait été presque anéantie. La plupart des fabricants avaient émigré en Saxe, et déjà, à cette époque, les envois de l’Angleterre empêchaient toute industrie de surgir, Par bonheur pour la Prusse eurent lieu alors la révocation de l’édit de Nantes et la persécution des protestants dans le Palatinat et dans l’évêché de Salzbourg.

Le grand-électeur comprit du premier coup-d’œil ce qu’avant lui Élisabeth avait vu si clairement. Attirés par lui, un