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ment, l’impuissance et la dissolution allaient toujours croissant.

Le malheur de la nation allemande fut complété par l’invention de la poudre et par celle de l’imprimerie, par la prépondérance du droit romain et par la réformation, enfin par la découverte de l’Amérique et de la nouvelle route de l’Inde.

La révolution morale, sociale et économique qui s’ensuivit, enfanta la division et la discorde dans l’Empire, division entre les princes, division entre les villes, division même entre la bourgeoisie des villes et ses voisins de tout rang. L’énergie de la nation fut détournée alors de l’industrie manufacturière, de l’agriculture, du commerce et de la navigation, de l’acquisition de colonies, du perfectionnement des institutions, et, en général, de toutes les améliorations positives ; on se battit pour des dogmes et pour l’héritage de l’Église.

En même temps tombèrent la Hanse et Venise, et avec elles le grand commerce de l’Allemagne, et la puissance et la liberté des cités allemandes du nord comme du sud.

La guerre de Trente Ans vint ensuite étendre ses dévastations sur toutes les campagnes et sur toutes les villes. La Hollande et la Suisse se détachèrent, et les plus belles portions de l’Empire furent conquises par la France. De simples villes telles que Strasbourg, Nuremberg et Augsbourg, qui auparavant avaient surpassé des électorats en puissance, furent réduites alors à une impuissance absolue par le système des armées permanentes.

Si, avant cette révolution, les villes et l’autorité impériale s’étaient plus étroitement unies, si un prince exclusivement allemand s’était mis à la tête de la réformation et l’avait accomplie au profit de l’unité, et de la puissance et de la liberté du pays, l’agriculture, l’industrie manufacturière et le commerce de l’Allemagne auraient pris un tout autre développement. Combien paraît pauvre et inapplicable, après cela, la théorie économique qui fait découler la prospérité des nations uniquement des efforts des individus et qui n’aperçoit