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de France en Espagne de la politique commerciale de Colbert. Quand on lit Ustaritz et Ulloa[1], on s’étonne de ces résultats dans un tel pays. Partout des routes affreuses, praticables seulement pour des mulets ; nulle part d’auberges bien tenues, nulle part de ponts, ni de canaux, ni de navigation fluviale ; chaque province séparée du reste du pays par des lignes de douane ; un péage royal aux portes de chaque ville ; le brigandage et la mendicité exercés comme des professions ; le commerce de contrebande au plus haut point de prospérité ; le système d’impôts le plus écrasant:telles étaient, d’après ces écrivains, les causes de la décadence de l’industrie et de l’agriculture. Ils n’osaient pas dénoncer les causes premières de ces maux, savoir le fanatisme, l’avidité et les vices du clergé, les privilèges de la noblesse, le despotisme du gouvernement, le manque de lumières et de liberté dans le peuple.

Un digne pendant du traité de Méthuen est le traité d’asiento conclu par l’Espagne en 1713 ; cet acte, en autorisant les Anglais à importer annuellement dans l’Amérique espagnole une certaine quantité de nègres d’Afrique et à visiter chaque année avec un navire le port de Porto-Bello, les mit à même d’introduire par fraude sur ce continent des masses de produits fabriqués.

Ainsi tous les traités de commerce de l’Angleterre nous présentent une tendance constante à conquérir à son industrie manufacturière les pays avec lesquels elle négocie, en leur offrant des avantages apparents pour leurs produits agricoles et pour leurs matières brutes. Partout elle vise à ruiner leurs fabriques par le bon marché de ses articles et par la longueur de ses crédits. Quand elle ne peut obtenir un faible tarif, elle s’applique à éluder les droits ou à organiser la contrebande sur une grande échelle ; le premier mode lui a réussi, comme on l’a vu, en Portugal ; le second, en Espagne. La perception

    qués. — Brougham, Recherches sur la politique coloniale des puissances européennes. tom. I.

  1. Ustaritz, Théorie du commerce. — Ulloa, Rétablissement des manufactures d’Espagne.