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masses de capitaux et de talents. C’est ce qu’ont fait en dernier lieu la révolution française et les guerres de l’Empire ; c’est ce qu’ont fait les troubles politiques, réactionnaires ou révolutionnaires, de l’Espagne, du Mexique et de l’Amérique du Sud. Longtemps, par sa loi sur les brevets, l’Angleterre s’est fait un monopole du génie inventif de tous les pays. Il est juste aujourd’hui, qu’après avoir atteint l’apogée de son développement industriel, elle restitue aux peuples du continent une portion des forces productives qu’elle leur a empruntées.


CHAPITRE V.

les espagnols et les portugais.


Tandis que les Anglais mirent des siècles à construire sur les fondements les plus solides l’édifice de leur prospérité nationale, les Espagnols et les Portugais durent à leurs découvertes une rapide fortune, parvinrent en peu de temps à une grande richesse. Mais ce n’était que la richesse du dissipateur qui a gagné le gros lot à la loterie, au lieu que la richesse des Anglais ressemble à celle du père de famille laborieux et économe. Par ses dépenses et par son luxe, le premier fera peut-être envie pendant quelque temps plus que le second ; mais, entre ses mains, la richesse ne sert qu’à des prodigalités, qu’aux jouissances du moment, tandis que l’autre y voit surtout un moyen d’assurer l’existence morale et matérielle de sa plus lointaine postérité.

Les Espagnols possédèrent de bonne heure de beaux troupeaux de moutons, puisque Henri Ier d’Angleterre, en 1172, parut disposé à prohiber l’entrée des laines espagnoles, et dès les dixième et onzième siècles, les fabriques de lainages en Italie tiraient de chez eux la plus grande partie de leur matière première. Déjà deux siècles auparavant, les riverains du golfe