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Grâce à lui, l’Angleterre n’a pas seulement échappé aux désastreux effets des guerres continentales, mais elle a retiré de ces guerres d’immenses avantages pour sa suprématie manufacturière. Les ravages de la guerre nuisent, à divers titres, aux manufactures des pays qui en sont le théâtre d’abord indirectement, en ce que les interruptions et les désastres qu’ils causent à l’agriculture ôtent au cultivateur le moyen d’acheter des produits fabriqués et de fournir au fabricant des matières brutes et des denrées alimentaires ; puis directement, soit en détruisant un grand nombre de manufactures, soit en arrêtant l’arrivage de leurs matières premières et l’envoi de leurs produits, ou en les mettant hors d’état de trouver des capitaux et d’occuper des ouvriers, par les contributions extraordinaires dont on les accable. La guerre leur fait tort même quand elle a cessé ; car les capitaux et les bras se retirent de l’industrie manufacturière et se dirigent vers l’agriculture, à proportion que l’agriculture a souffert davantage pendant la guerre, et qu’elle promet par conséquent plus de profils au retour de la paix. Tandis que l’Allemagne subissait un tel état de choses plusieurs fois par siècle, au détriment de ses fabriques, l’industrie anglaise avançait sans un seul temps d’arrêt. Vis-à-vis des fabriques du continent, celles de l’Angleterre se trouvaient doublement ou triplement favorisées, chaque fois que l’Angleterre prenait part à la guerre étrangère, par l’équipement de flottes ou d’armées, ou par des subsides, ou des deux manières à la fois.

Nous ne sommes pas de ceux qui défendent les dépenses inutiles, en particulier celles qu’occasionnent la guerre et l’entretien des grandes armées, ou qui soutiennent l’utilité absolue d’une dette publique considérable ; mais nous ne pensons pas non plus que l’école régnante ait raison, quand elle présente comme absolument nuisibles les consommations qui ne sont pas directement reproductives, par exemple celles de la guerre. Les préparatifs militaires, les guerres et les dettes qu’elles entraînent peuvent, dans certains cas, l’exemple de l’Angleterre le prouve, contribuer immensément à l’accrois-