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ture s’est accrue jusqu’à rendre une valeur totale de plus du double de cette somme ou de 539 millions (13 milliards 475 millions de francs).

Sans doute, cette augmentation de puissance et de force productive, l’Angleterre ne la doit pas seulement à ses restrictions commerciales, à son acte de navigation, à ses traités de commerce, elle en est aussi, pour une forte part, redevable à ses conquêtes dans le domaine des sciences et des arts.

Mais d’où vient qu’aujourd’hui un million d’ouvriers anglais est en état d’exécuter le travail de centaines de millions d’hommes ? La grande demande d’objets manufacturés que la politique sage et vigoureuse de l’Angleterre lui a procurée à l’étranger et surtout dans ses colonies, la sage et énergique protection qu’elle a toujours accordée à son industrie, les puissants encouragements de sa loi des brevets en faveur des inventions nouvelles, le développement extraordinaire de ses voies de transport, de ses routes, de ses canaux et de ses chemins de fer, telles sont les causes de ce prodige.

L’Angleterre a montré au monde combien les moyens de transport influent puissamment sur l’accroissement des forces productives, et, par suite, sur l’accroissement de la richesse, de la population et de la puissance politique ; elle a montré ce qu’une nation libre, industrieuse et bien administrée, en temps de guerre et dans le court espace d’un demi-siècle, est capable de faire sous ce rapport. Les œuvres des républiques italiennes en ce genre n’étaient que jeux d’enfants. On estime à 118 millions de liv. st. (2 milliards 950 millions de francs), les sommes employées en Angleterre pour ces grands instruments de la production nationale[1].

Mais l’Angleterre n’a entrepris ces ouvrages qu’à l’époque où son industrie manufacturière commençait à prendre des forces. Depuis lors il est devenu évident pour tous que de pa-

  1. Ce chiffre a été depuis énormément accru par le développement des voies de fer. On évaluait en 1848 à plus de 6 milliards de francs le capital qui aurait été employé dans les chemins de fer de la Grande-Bretagne après l’achèvement de toutes les lignes autorisées par le parlement. (H. R.)