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L’Angleterre a pris les clefs de toutes les mers, elle tient tous les peuples en échec, les Allemands par Helgoland, les Français par Guernesey et Jersey, les Américains du Nord par la Nouvelle-Écosse et les Bermudes, les Américains du Centre par la Jamaïque, toutes les côtes de la Méditerranée par Gibraltar, Malte et les îles Ioniennes ; elle possède toutes les étapes des deux routes de l’Inde, excepté l’isthme de Suez, qu’elle convoite ; elle ferme la Méditerranée par Gibraltar, la mer Rouge par Aden, et le golfe Persique par Bouchir et Karek. Il ne lui manque plus que les Dardanelles, le Sund et les isthmes de Suez et de Panama, pour pouvoir ouvrir et clore à son gré toutes les mers et toutes les routes maritimes.

Ses forces navales surpassent celles de toutes les autres nations ensemble, sinon par le nombre des voiles, au moins par l’habileté militaire.

Son industrie manufacturière surpasse aussi en importance celle de tous les autres pays. Bien que, depuis Jacques Ier, sa production en drap ait plus que décuplé en atteignant une valeur de 44 millions et demi de liv. st. (1 milliard 106 millions de francs), une autre industrie dont elle s’est enrichie dans le siècle dernier, celle du coton, est plus puissante encore, puisqu’elle produit pour 52 millions et demi de liv. st. (1 milliard 312 millions de francs)[1].

  1. Nous empruntons ces chiffres et ceux qui suivent sur l’Angleterre, à un article du statisticien anglais Mac-Queen, inséré dans le Tait’s Edinburgh Magazine, de juillet 1819. Peut-être sont-ils un peu exagérés ; mais s’ils le sont en effet, il est plus que probable qu’ils seront atteints dans la cours de la présente période décennale. (Note de l’auteur.)
      — Ces chiffres sont exagérés en effet ; au lieu de 13 milliards et demi de francs, par exemple, Porter n’évalue qu’à 5 milliards 500 millions le revenu brut de l’agriculture. Une estimation plus récemment soumise au parlement le porte à 7 milliards 125 millions. Quant à l’industrie manufacturière, l’ensemble des produits annuels de la filature et du tissage a été estimé, par des autorités dignes de foi, à environ 2 milliards 300 millions de francs, savoir : 1.250 millions, pour l’industrie du coton ; plus de 600 pour celle de la laine ; plus de 300 pour celle de la soie, et à peu près 150 pour celle du lin. Au reste, les évaluations de la statistique en pareille matière ne peuvent être que de très-larges approximations.
      — La note qui précède date de 1851. Depuis cette époque la puissance productive de l’Angleterre s’est prodigieusement accrue. (H. R.)