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elle sut les faire fleurir promptement au moyen de prohibitions ou de droits élevés[1].

Cette île emprunta à tous les pays du continent leurs arts particuliers, et les acclimata chez elle sous l’abri de son système douanier. Il fallut que Venise, entre autres industries de luxe, lui cédât celle du cristal, et la Perse elle-même celle des tapis.

Une fois en possession d’une industrie, elle l’entourait pendant des siècles de sa sollicitude, comme un jeune arbre qui a besoin d’appuis et de soins. Celui qui ignore qu’à force de labeur, d’adresse et d’économie une industrie devient avantageuse avec le temps, et que, dans un pays suffisamment avancé dans son agriculture et dans sa civilisation générale, de nouvelles fabriques, convenablement protégées, quelque imparfaits, quelque coûteux que soient au commencement leurs produits, peuvent, à l’aide de l’expérience et de la concurence du dedans, égaler sous tous les rapports les fabriques anciennes de l’étranger ; celui qui ne sait pas que la prospérité d’une fabrication spéciale est subordonnée à celle d’un grand nombre d’autres, et qui ne comprend pas à quel point une nation peut développer ses forces productives, quand elle veille sans relâche à ce que chaque génération poursuive l’oeuvre du progrès industriel en la prenant là ou la génération précédente l’a laissée ; celui-là doit commencer par étudier l’histoire de l’industrie anglaise, avant de se mettre à bâtir des systèmes et à donner des conseils aux hommes d’État qui ont les destinées des peuples entre les mains.

Sous Georges Ier, les hommes d’État de l’Angleterre étaient depuis longtemps édifiés sur les fondements de la grandeur du pays. Les ministres de ce roi lui firent prononcer ces paroles lors de l’ouverture du parlement de 1721 : « Il est évident que rien ne contribue autant au développement de la prospérité publique que l’exportation des objets manufacturés et l’importation des matières brutes[2]. » Tel était, depuis

  1. Anderson, année 1685.
  2. Ustaritz, Théorie du commerce, ch. xxviii. On le voit, Georges Ier ne